Les conditions givrantes

Le "givre" ou "conditions givrantes" présente un danger pour l'aviation: en se formant sur la structure de l'appareil, le givre réduit la portance, augmente la traînée et le poids et diminue la poussée, ce qui dégrade les performances de l'avion. Il peut également influer l'affichage des instruments, affecter les gouvernes ou compromettre sérieusement le fonctionnement du moteur. Le givre peut apparaître sous forme de verglas (qui est un givre transparent, lourd, rapide, dur à retirer), de gelée blanche (dépôt blanchâtre, plus léger mais plus nuisible à l'aérodynamisme par sa surface rugueuse) ou de givre mou (combinaison des 2 précédents; aspect champignonneux sur les bords d'attaque; cumule les deux conséquences précédentes)

Conditions de formation du givre

Tout nuage soumis à une température inférieure à 0°C peut produire des conditions givrantes. D'une façon générale, il y a risque de givre lorsque l'appareil traverse une couche d'humidité matérialisée -pluie, goutelettes des nuages- et que la température est égale ou inférieure à 0°C (la température est abaissée, de plus, par la rencontre aérodynamique entre l'appareil et l'humidité). Les conditions les plus favorables aux conditions givrantes se situent entre 0° et -15°C; à températures plus basses ces conditions diminuent (mais des courants ascendants peuvent transporter plus haut et à conditions plus froides -jusqu'à -40°C, de l'humidité présentant ces valeurs). Les conditions de givrage résultent de conditions statiques ou dynamiques. D'une façon générale, à basse altitude, les petites goutelettes du brouillard et des stratus produisent de la gelée blanche; à moyenne altitude, les altostratus et les nimbostratus contiennent de grosses gouttes et le givrage le plus important s'y produit à 0°C ou juste en-dessous sur une épaisseur d'entre 600 à 900m (lorsque la couche est supérieure à 1500m le givrage n'est pas constant sur la couche); les nuages cumuliformes, du fait de leurs courants ascendants, contiennent de grossses gouttes d'eau qui produisent du verglas. Ces conditions peuvent atteindre 30000 à 40000 ft avec des températures inférieures à 40°C. La nature des fronts météorologiques, les saisons ou le terrain peuvent amener des conditions givrantes spécifiques. Au-dessus des montagnes et du côté des arêtes exposées au vent, jusqu'à 5000ft plus haut, se trouvent, par exemple, des zones de givrage

Les bulletins et les prévisions météo donnent les données concernant les risques de givre: le givre "en traces" n'est dangereux que si l'avion reste plus d'1 heure dans les conditions givrantes (ce givre sublime au fur et à mesure qu'il se dépose); le givre "léger", qui s'accumule lentement, nécessite que l'appareil possède un équipement anti-givrage ou de dégivrage (un appareil non-équipé est menacé au-delà d'1h); le givre "modéré" s'accumule rapidement (les appareils non-équipés pour ces conditions doivent se dérouter immédiatement); le givre "important" s'accumule si rapidement qu'il oblige à déroutement même les avions équipés

Les équipements anti-givrage et de dégivrage

Les appareils -à partir des avions avancés de l'aviation générale- sont équipés d'équipements anti-givrage et de dégivrage. Stricto sensu, l'équipement anti-givrage permet d'empêcher les effets des conditions givrantes sur l'appareil (chauffage tube pitot, ports statiques, languette décrochage, prises d'air, pales d'hélice, pare-brise). Ces équipements sont généralement activés préventivement. L'équipement de dégivrage permet d'enlever le givre qui a pu s'installer; il consiste généralement en des systèmes pneumatiques sur les bords d'attaque des ailes et de la gouverne de profondeur, qui, en se gonflant, font évacuer la glace. Les procédures d'utilisation de ces équipements sont décrites dans le manuel de l'appareil. Plus on va au-delà des avions de l'aviation générale, jusqu'aux avions de ligne, plus les appareils peuvent supporter les conditions givrantes

Lorsqu'un appareil ne possède pas d'équipement anti-givrage et de dégivrage, le pilote doit veiller à l'estimation des conditions météo pour établir une route qui évitera d'éventuelles conditions givrantes; en cas de rencontre de conditions givrantes, il devra changer d'altitude ou se dérouter immédiatement. En termes de techniques de vol, on peut, en général, retenir les éléments suivants: dans les nuages de type stratus voire dans toute couche ou limite de couche givrante, essayer de descendre vers l'air plus chaud ou de monter vers l'air plus froid (en-dessous de -10°C); pour de la pluie givrante, idem à la recherche d'air plus chaud (une telle couche indique qu'il y a de l'air chaud au-dessus); éviter tout nuage cumuliforme. En traversant une couche givrante, volez légèrement plus vite pour contrer tout risque accru de décrochage; éviter les manoeuvres brusques quand du givre s'est formé du fait de la dégradation de l'aérodynamisme ou, dans ce cas, adopter une vitesse plus rapide d'atterrissage